Passé trouble
Si aujourd'hui, une certaine insécurité linguistique dans l'ensemble de la francophonie resserre la norme vers le français de Paris, cette insécurité de ce côté de l'Atlantique s'est manifestée dès l'époque de la Nouvelle-France, d'abord en raison de la distance géographique avec Paris, puis parce que pendant près de 100 ans après la Conquête, les relations ont été coupées avec la mère patrie.
Puis, pour assurer la vitalité d'une langue, celle-ci doit être parlée dans toutes les sphères de communication, ce qui ne fut pas toujours le cas au Québec.
«La sous-scolarisation des petits Québécois a été un autre problème majeur. Le français était la langue de la famille, des amis et de l'Église, qui a participé à la préservation du français, expose Mme Elchacar. Mais l'anglais était la langue du politique, du travail, du droit. Il ne restait pas beaucoup de place, à part la maison, pour parler le français.»
Au 19e siècle, l'anglais s'est imposé dans certaines industries comme celle de la fabrication de voitures, étant donné la forte présence de capitaux anglais. L'industrie automobile étant nouvelle à l'époque, le vocabulaire n'était pas connu.
«Beaucoup de francophones travaillaient dans ces usines et on n'était pas là pour s'asseoir et parler du français, on était là pour travailler. On a tout fait rapidement: "change le muffler", "passe-moi la strap", "la fan est brisée", indique Mme Elchacar. Par l'oral, les mots sont arrivés très vite. Il y avait un danger, parce que des pans entiers de terminologie ont été anglicisés.»
Grâce à de l'aménagement linguistique, des travaux ont proposé des équivalents français, non seulement dans le monde automobile, mais dans une foule de domaines.