Environnement. Que ce soit pour 2020 ou 2022, les municipalités du Québec devront trouver une solution pour recycler les matières organiques. Deux solutions s’offrent à elles : le compostage ou la biométhanisation.
Ce sont en effet les deux avenues préconisées par Québec. Son Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage (PTMOBC) accorde des subventions aux municipalités ou entreprises qui aménagent des sites de traitement. Et, comme son nom l’indique, seuls les projets de compost ou de biométhanisation sont admissibles.
Selon Marc Olivier, professeur de chimie à l’Université de Sherbrooke, d’autres solutions sont possibles, mais elles demeurent plus dispendieuses, d’autant plus qu’elles ne peuvent être subventionnées.
Selon cet observateur, plusieurs municipalités opteront pour le compostage d’ici la fin de 2022 parce que ce procédé demande beaucoup moins d’investissements que la biométhanisation. Le contenu des bacs bruns des citoyens finira ainsi dans de grands sites de compostage aménagés par des municipalités, des MRC ou des entreprises privées. Les méthodes varient, mais le principe demeure le même : composter les matières organiques pour obtenir en fin de compte une matière fertilisante.
De modestes progrès
Parmi les villes qui ont opté pour cette solution au cours des dernières années, mentionnons Lévis, une ville de plus de 137 000 habitants qui a débuté sa collecte en 2011. Depuis ce temps, plusieurs autres municipalités ont emboîté le pas. De 2010 à 2012, le taux de recyclage des résidus verts et alimentaires résidentiels est passé de 10 à 12 % au Québec selon le plus récent bilan publié par Recyc-Québec.
Propriétaire du site de compostage Mironor à Brownsburg-Chatham, Daniel Miron affirme quant à lui que de plus en plus de municipalités sont prêtes pour le changement, même si l’interdiction d’enfouir des résidus organiques a été repoussée à 2022. « Plusieurs sont intéressées et ont l’intention de commencer en 2016 ou 2017. Quand une municipalité commence la collecte à trois voies, les municipalités voisines sont tentées de suivre, » remarque-t-il.
Simple et efficace, le compostage nécessite par contre de grands espaces parce qu’il émet des odeurs désagréables. Comme le directeur général de la Coalition pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard, il serait impensable d’aménager une telle plate-forme à Montréal à cause des quantités de matière à traiter et des odeurs. « Ça deviendrait un problème politique », résume-t-il.
Le compost maison plus écologique
Pour les très petites municipalités, le compostage domestique peut être la solution. Karel Ménard soutient qu’il s’agira toujours de la meilleure solution lorsqu’il est possible d’en faire : aucun transport ni bac brun n'est nécessaire, mais les viandes et les produits laitiers ne peuvent y être incorporés. C’est ce qu’a choisi la petite municipalité de Saint-Adrien. Là-bas, les quelque 500 citoyens compostent sur leur terrain. La municipalité n’a pas ménagé les efforts pour que ce changement réussisse. « On s’est dit qu’il ne fallait pas manquer notre coup. Nous avons engagé quelqu’un de spécialisé qui est allé de maison en maison pour donner une formation à chaque citoyen », explique le maire Pierre Therrien. Et pour inciter tout le monde à composter, la municipalité a imposé une taxe progressive augmentant de 25$ par année pendant quatre ans. Résultat : près de 98% des foyers font leur compost à la maison.