Je laisse habituellement le travail à Claude Neveu, un ami qui s’y connaît beaucoup plus que moi concernant l’histoire de l’art. Mais comme une sœur de ma mère s’interrogeait au sujet de ce grand tableau accroché depuis des années dans son salon, je me suis mis à la recherche de quelques informations concernant cette Lucienne qui signe ce tableau résolument académique.
Sans avoir eu l’opportunité de retrouver l’original de cette œuvre, on peut aisément prétendre qu’il s’agit d’une copie d’un tableau du peintre Adolphe William Bouguereau, artiste renommé qui a vécu de 1825 à 1905. Connu par l’intermédiaire de Paul Durand-Ruel, marchand d’art reconnu mondialement, Bouguereau fut considéré comme le peintre des femmes.
Des femmes
En effet, que ce soit lors de ses années d’académicien (retour à l’art grec et romain dans ses œuvres) ou de son travail de la fin de sa carrière consacrée à moult tableaux religieux, les femmes au corps voluptueux devinrent sa spécialité.
Il faut dire que le marché nord-américain (surtout celui des États-Unis, évidemment), friand de cet art dénué de complexes en cette fin de siècle a ainsi permis à l’artiste de se forger une reconnaissance internationale.
Ce faisant, toutes les écoles de peinture permirent aux étudiants de copier ses œuvres afin de s’initier aux formes et aux perspectives du corps humain.
Intérêt
Je suis convaincu qu'il s’agit ici d’une œuvre de Bouguereau. La partie supérieure du vêtement de la femme devait être inexistante à l’origine, ce que l’enseignant de Lucienne a certainement voulu corriger, étant donné la forte influence de la religion dans le Québec de cette époque.
Notez que le tableau signé par cette copiste en 1918 fut réalisé lors de la Première Guerre mondiale, ce qui en fait une œuvre très bientôt centenaire. L’intérêt de ce tableau, autrefois partie d’un patrimoine familial, demeure assez restreint.
D’abord, il n’y a pratiquement pas de possibilités de découvrir le nom complet de l’artiste, et comme il s’agit certainement d’une copie d’une œuvre d’un grand peintre, sa valeur marchande ne dépasse guère le coût du cadre de bois dans lequel on l’a installée.
Il y aurait là un travail de moine à entreprendre, en comparant d’autres tableaux portant la même signature et peut-être aussi ce long et fastidieux périple que serait celui de retracer toutes les Lucienne des écoles d’art du Québec offrant cet enseignement en 1918.
Valeur
Assurément, des heures investies en vain. Les antiquaires et spécialistes en œuvres d’art ne vendent ce type de tableaux qu’à des prix tournant autour d’une centaine de dollars à peine. Si la recherche vous amuse, tentez d’abord d’en connaître les origines.
Si l’aïeule qui en fut la conceptrice a laissé un bon souvenir dans la famille, faites honneur aux femmes du Québec qui se sont adonnées à ce passe-temps pendant la Grande Guerre. Ce sera une façon pour vous de reconnaître un volet important de notre histoire nationale.
Retenez qu’une œuvre familiale datant de cette époque constitue toujours un bon sujet de conversation.
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